Il existe un large éventail de preuves documentées qu’Israël pratique une discrimination systématique en matière d’accès au logement, à l’eau potable et à l’électricité, non seulement dans les territoires palestiniens occupés, mais aussi en Israël en tant que tel.
Démolitions de maisons et déplacement forcés
Israël maintient son système d’apartheid grâce aux démolitions régulières de maisons palestiniennes et au déplacement forcé de familles palestiniennes, tant dans les territoires occupés qu’en Israël. On estime à 150 000 le nombre de Palestiniens et de Palestiniennes actuellement menacé·e·s de perdre leur foyer. Selon l’Israeli Committee Against Home Demolitions (ICAHD), plus de 131 000 foyers palestiniens ont été démolis dans les territoires occupés et en Israël depuis 1947.
Le gouvernement israélien a recours à la planification et au zonage pour limiter les endroits où les Palestiniens et les Palestiniennes peuvent construire leurs maisons et leurs écoles, en plus de multiplier les obstacles qui les empêchent d’exercer des activités agricoles. Les mêmes restrictions ne s’appliquent pas aux colonies israéliennes illégales. Un rapport produit en 2021 relate plusieurs histoires de familles qui ont assisté, impuissantes, à la démolition de leur maison. Un père qui habite la vallée du Jourdain raconte son histoire dans ce rapport :
« Nous avons eu un avis de démolition à 96 heures de préavis. Nous avons tout juste eu le temps de sortir nos affaires des maisons. Pendant la démolition, mes enfants étaient à l’école, sauf ma fille de 3 ans, Saja, qui a tout vu et qui a pleuré tout le long. Cette maison a été bâtie dans les années 1980. J’ai tous les documents qui prouvent que je possède le lot, et j’ai essayé à de nombreuses reprises d’obtenir le permis de construction, mais on me l’a toujours refusé. »
Les ressources ci-dessous offrent des renseignements utiles sur les questions relatives au logement en Israël-Palestine.
Israeli Committee Against Home Demolitions
ICAHD est un organisme de défense des droits de la personne qui se consacre à mettre fin à l’occupation israélienne prolongée en Palestine. Il mène des recherches sur les démolitions de maisons par Israël, les documente et y oppose une résistance.
Jewish Currents: Road to Nowhere
Un article de 2020 (en anglais), par Elisheva Goldberg, qui se penche sur la question des villages palestiniens non reconnus en Israël.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA)
L’OCHA maintient une base de données des démolitions de maisons et des déplacements forcés en Cisjordanie occupée.
L’accès à l’électricité
Dans la bande de Gaza, le service d’électricité est imprévisible et souvent indisponible. Jusqu’à présent en 2022, l’électricité a été disponible en moyenne 12 heures par jour. Dans les dernières années, il est arrivé qu’elle ne soit disponible que sept heures par jour en moyenne. Selon un sondage mené en 2020 par le Comité international de la Croix-Rouge, 94 % des résident·e·s de Gaza estiment que le manque d’accès à l’électricité ont des effets néfastes sur leur santé mentale. Les familles qui n’ont pas d’accès à l’électricité disent aussi s’inquiéter de devoir allumer des bougies, car de nombreuses structures ont déjà pris feu et entraîné des décès, dont plusieurs d’enfants.
Community Energy and Technology in the Middle East (COMET-ME) est une organisation israélo-palestinienne qui offre des systèmes de production d’électricité renouvelable hors réseau et d’eau potable aux collectivités palestiniennes de la Zone C (les secteurs de la Cisjordanie sous le contrôle administratif d’Israël). Ils font remarquer que le manque d’accès dans les collectivités palestiniennes n’est pas « de nature géographique, mais politique, car les lignes électriques et les conduites d’eau potable passent littéralement quelques mètres au-dessus de leurs têtes et sous leurs pieds pour desservir les colonies et les avant-postes israéliens tout près. » Il est arrivé que le gouvernement d’Israël saisisse les systèmes installés par COMET-ME ainsi que d’autres structures mises en place dans la Zone C.
Lectures complémentaires
Electricity in the Gaza Strip
UN OCHA
Au cours de la dernière décennie, la bande de Gaza a souffert d’un déficit chronique en matière d’électricité, ce qui compromet des conditions d’existence déjà fragiles. La situation s’est encore détériorée depuis avril 2017, dans le contexte des disputes entre les autorités de fait à Gaza et l’Autorité palestinienne basée en Cisjordanie.
Gaza’s Electricity Crisis Claims Another Three Children
Defense for Children International – Palestine
« Qu’est-ce que ces enfants ont fait de mal pour mourir d’une aussi horrible manière? », demande Aseel M., 15 ans, après avoir appris le 1er septembre que trois jeunes enfants palestiniens d’une même famille avaient péri après que leur domicile ait pris feu dans la bande de Gaza. Les trois frères, âgés de trois à cinq ans, sont les plus récentes victimes de la crise de l’électricité que fait perdurer Israël depuis la fermeture de Gaza il y a 13 ans.
L’accès à l’eau potable et la pollution
La population palestinienne est la cible d’une discrimination systémique en matière d’accès à l’eau potable en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et dans les collectivités palestiniennes d’Israël.
Selon Amnistie internationale : « La consommation moyenne d’eau dans les territoires palestiniens occupés est d’environ 70 litres par jour par personne, et 420 000 personnes en Cisjordanie consomment 50 litres par jour, ce qui correspond à moins du quart de la consommation israélienne moyenne d’environ 300 litres par personne. Pour les résident·e·s des colonies israéliennes, la consommation quotidienne moyenne est de 369 litres, soit environ six fois ce que consomment les Palestiniens et les Palestiniennes. »
Une étude menée par la RAND Corporation en 2018 a révélé que la pollution de l’eau était responsable de 26 % des maladies à Gaza et une des principales causes de mortalité infantile. Selon Human Rights Watch :
« Gaza achète également de l’eau du service israélien Mekorot, mais Israël contrôle l’approvisionnement. L’eau de Mekorot passe par le même système de canalisation que les eaux souterraines et se mélange à elles, ce qui en réduit la qualité. »
« Gaza dessale un certain volume d’eau, mais le procédé de dessalement exige une quantité considérable d’électricité, de carburant et de fonds. Ces restrictions font en sorte que la plupart des foyers de Gaza doivent acheter de l’eau potable purifiée auprès de sociétés privées, lorsqu’ils en ont les moyens. »
Un rapport signalait en 2017 que seulement 5 % des enfants à Gaza avaient l’eau potable courante. Quarante pour cent reçoivent de l’eau transportée deux fois ou moins par semaine. Dans leurs temps libres, ils se baignent dans une mer qui reçoit quotidiennement 90 millions de litres d’eaux usées non traitées ou partiellement traitées.
Tout comme la malnutrition, la déshydratation compromet la santé des enfants ainsi que leur capacité à se concentrer. L’accès inadéquat à l’eau à l’intérieur des structures résidentielles et des écoles nuit à l’hygiène et favorise la transmission des maladies.
En 2019, les résident·e·s de Gaza ont utilisé quotidiennement 79 litres d’eau, ce qui représente une augmentation par rapport aux taux de 2017 et 2018, mais ce taux de consommation reste inférieur au seuil de 100 litres par jour recommandé par l’OMS.
En 2019, les résident·e·s de Gaza ont utilisé quotidiennement 79 litres d’eau, ce qui représente une augmentation par rapport aux taux de 2017 et 2018, mais ce taux de consommation reste inférieur au seuil de 100 litres par jour recommandé par l’OMS.
LECTURES COMPLÉMENTAIRES SUR L’ACCÈS À L’EAU
Water for One People Only
Al-Haq
Depuis de nombreuses années, la population palestinienne de Cisjordanie, de Jérusalem Est et de la bande de Gaza souffre d’un grand manque d’eau potable et salubre. Pourtant, en dépit des prédictions alarmantes relatives à la pénurie d’eau potable d’ici 2040, sur la base de la croissance démographique anticipée dans les territoires palestiniens occupés, en Jordanie et en Israël, l’eau n’est pas et n’a pas été une ressource rare dans la région.
Water Crisis
B’Tselem
En 1967, Israël a saisi le contrôle de toutes les ressources en eau dans les territoires nouvellement occupés. À ce jour, Israël conserve le contrôle exclusif de toutes les ressources en eau entre la rivière Jourdain et la mer Méditerranée, à l’exception d’une petite section de l’aquifère côtier qui passe sous la bande de Gaza. Israël utilise l’eau comme bon lui semble, ignorant les besoins de la population palestinienne de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, à tel point que les deux régions souffrent d’une grave pénurie d’eau. Dans chaque région, les résident·e·s n’ont pas assez d’eau; à Gaza, même l’eau qui est livrée est de mauvaise qualité et est impropre à la consommation.